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INFO TRISTESSE/ RICHARD DAVIS(1930-2023)

Âgé de 93 ans, le jazzman Richard Davis nous a quittés le mercredi 06 septembre.

Grand contrebassiste, il était sollicité par ceux qui exploraient une nouvelle voie, un nouveau souffle par rapport au Jazz post Bop. Cherchant des innovations harmoniques, les musiciens de l’avant garde comme Eric Dolphy ou Andrew Hill firent appel à lui.

« Out Of Lunch » et « Point Of Departure » sont deux disques chez Blue Note.

Dans l’album du saxophoniste altiste, la contrebasse de Richard Davis met de la gravité.

Les dissonances expriment la quête et l’interrogation.

Dans « Something Sweet Something Tender », les notes de contrebasse avancent avec prudence. La tension se fait toujours ressentir au cours du titre « Gazzelloni ».

Lorsqu’on écoute le contrebassiste dans l’album du pianiste, on est frappé par son adaptation sur le plan rythmique. Au gré de l’improvisation, Richard Davis change les rythmes.

Sur « Spectrum » le contrebassiste évolue dans l’abstrait.

Dans l’album »Black Fire », la contrebasse est puissante dès les premières secondes.

Dans le morceau ‘Subterfuge », les notes de Richard Davis sont empreintes de noirceur.

À cette période le Free Jazz fascine et passionne.

Le dispositif d’Andrew Hill met la contrebasse dans un rôle central. Elle est un soliste à part entière.

Pour en dire plus sur ce Jazz d’avant garde dont quelques pépites sont gravées chez Blue Note on peut parler également de « Lifetime » gravé par Tony Williams jeune prodige de la batterie.

Au cours de ces sessions, on entend Richard Davis expérimenter s’aventurer en étant toujours à l’écoute de Sam Rivers et des autres.

Richard Davis enregistré « Heavy Sounds » en partageant l’affiche avec Elvin Jones!. L’album est publié chez Impulse.

Le disque est empreint de Blues et Soul. « Raunchy Rita » sonne Soul Jazz. Autour d’une cellule mélodico-rythmique, le saxophone expose le thème plein d’énergie.

Doux et swingant, le morceau « Shiny Stockings » exprime une belle énergie.

« Summertime » est joué à l’archet. Elvin joue ensuite un Blues à la guitare, que le bassiste appuie avec des notes rondes.

Richard Davis enregistra plusieurs albums sous son nom comme « The Muses For Richard Davis » son premier disque en 1969. Il rentre dans le vif du sujet dès le premier morceau.

Entouré d’une section de cuivres prestigieuse, le contrebassiste montre qu’il est attaché aussi à un Jazz plus conventionnel plus structuré. Richard Davis sème avec sobriété les notes au détour de voicings délicats du pianiste Roland Hanna au cours du morceau « A Child Is Born ».

Le solo de « Softly As In A Morning Sunrise » est intense et bien construit au niveau des phrases. Le solo est épique.

La contrebasse est très émouvante lorsqu’elle joue « Muses For Richard Davis ». La trompette de Freddie Hubbard est aérienne.

Utilisant l’archet, il créait des sommets de lyrisme comme sur l’intro de son album « Way Out West ».

La sonorité est profonde, l’engagement est total.

Sur ce disque en leader, le contrebassiste tisse un climat où l’étrange et le mystère s’installent. Le saxophone de Joe Henderson et la trompette tenue par Eddie Henderson lancent de jolis motifs à deux voix mêles au clavier de Stanley Cowell.

Le duo avec Joe Henderson met en valeur la solidité de la walkin, la puissance de l’attaque, la technique. Après ce grand solo, la reprise du thème avec le saxophoniste est joviale et intimiste.

Au cours du thème « I’m Old Fashioned » Richard Davis prend le relais du solo de piano tout en swing et souplesse de Stanley Cowell.

La fluidité et la rondeur des notes de contrebasse sont impressionnantes.

En compagnie de la chanteuse Dolly Hirota, la musique prend une tournure plus smooth.

La contrebasse à l’archet soutient et enrobe la voix. Elle continue sa ligne mélodique en étant soutenue par des accords de piano.

La tendresse et la poésie se font sentir sur le morceau intitulé « Warm Canto ». Le piano et la contrebasse créent l’émotion.

La trompette d’Eddie Henderson et le saxophone de Joe Henderson irriguent le thème « Song Of Gratitude ». Le contrebassiste fait sangloter les notes, trompette et saxophone interviennent avec délicatesse.

La reprise de « Don’t Worry ‘Bout A Thing » composée par Stevie Wonder laisse entendre la contrebasse chaleureuse et suave qui reste pendant un moment sur une note de pédale

Richard Davis pouvait jouer le Free des choses plus Hard Bop en s’adaptant sans cesse. Son jeu à l’archet transmettait l’émotion.

En 1982, il participe au disque « Love And Peace »signé McCoy Tyner et Elvin Jones.

Richard Davis prend d’ailleurs le premier solo sur le Blues d’ouverture « Little Rock Blues » en déroulant ses phrases lourdes et solides. Avec « Korina » sa sonorité est sensuelle et amplifie le romantisme que Pharoah Sanders met en lumière.

Lorsque McCoy introduit « For Tomorrow », la contrebasse enveloppe les voicings de piano et son solo arrive avec puissance.

Sur la ballade « Sweet And Lovely », il avance en lançant des notes de belle envergure sur le plan sonore.

Si ce grand Monsieur de la contrebasse aimait la prise de risques sortir des balisages classiques, il restait attaché à l’héritage. En sideman, il reste très près du soliste en y créant des espaces et en solo, il n’hésite pas à être tranchant dans le son et le rythme, en jouant souvent des double notes en quartes ou en quintes, pour amplifier l’enveloppe sonore.

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