Post Jazz

IMPRESSIONS DE CONCERT/ ASTA/ IMFP 17 OCTOBRE 2024

Au sein de l’école IMFP située à Salon de Provence, se trouve le club de Jazz “Salon de Musique” qui accueille de grands artistes de la scène Nationale voire Internationale.
Hier soir, le groupe ASTA, une sorte de Dream Team composée de quatre musiciens est venue jouer ses compositions. Aux alentours de 20H55, montent sur scène le batteur André Ceccarelli, le contrebassiste Thomas Bramerie, le saxophoniste Sylvain Beuf – Saxophoniste – Compositeur et le pianiste Italien Antonio Faraò.
Les premières notes, les premières tournes rythmiques sont comme une empreinte, celle des musiciens de prestige. De suite, les mises en place de contrebasse et de batterie plantent le décor harmonique et rythmique du thème d’ouverture “Early Time”, lumineux par sa mélodie. Au fil du morceau, les solistes prennent leur envol.
D’abord, le soprano fait résonner des notes brûlantes et des phrases intenses. J’entends au cours de ce solo de saxophone, un clin d’oeil au standard “You And The Night And The Music”.
Les phrases sont comme des tourbillons sonores sur une ligne de basse indestructible et une batterie qui est une véritable machine à swing.
S’ensuit Antonio Farao plaquant accords et voicings et qui enchaîne les notes avec une technique époustouflante. Le drive d’André Ceccarelli accompagnant ses camarades, me rappelle les grands maîtres notamment Elvin Jones.
Le quartet enchaîne par une une ballade de Thomas Bramerie “Balkiss” inspirée, pleine de poésie, un hymne à la respiration, au calme et à l’apaisement.
Les quatre musiciens tissent au cours de cette séquence un climat magnifique.
Entre le saxophone ténor les crépitements sur la caisse claire les voicings de piano tout en douceur, l’alchimie sonore est là. Au cours du thème, le dédoublement à la croche ouvre le chemin vers le swing, tandis que la contrebasse enveloppe les solistes.
Au sax les notes sont jouées avec émotion, sans chercher la prouesse technique en essayant simplement d’être en écho avec les accords du piano. Antonio Farao sur ce tapis créé par les balais et la contrebasse, joue en retenue et sensibilité.
La troisième plage “Two Places” signée du pianiste laisse la place à un motif joué par lui et la contrebasse, séquence qui booste le thème joué au saxophone.
En impro, on entend toujours toute la fougue de l’Italien très percussif, qui déroule une tornade sonore. Entre voicings et flots de single notes rapides, le pianiste est une lame de fond à lui tout seul, en étant accompagné d’une section contrebasse batterie qui monte en intensité au fil du solo.
Sylvain Beuf est plus maîtrisé et cool dans ses phrases. Le contrebassiste Thomas Bramerie ne prend pas encore de solo mais sa façon d’accompagner montre qu’il n’a rien à prouver, il est à l’écoute sans cesse et ses lignes enveloppent le collectif.
Pour rompre avec ces décharges sonores du troisième morceau, le pianiste introduit la composition suivante “Soul Steps” par des arpèges sombres reposant sur une partie de contrebasse évoquant le trouble et la noirceur. Le rythme plutôt Bossa insufflé par André Ceccarelli montre sa maîtrise des nuances.
Au soprano, les envolées sont toujours autant captivantes. J’aime beaucoup le groove implicite du piano qui rebondit sur la majestueuse section rythmique basse batterie.
Le quartet enchaîne à nouveau par un thème des plus énergiques, le morceau “Asta” pris sur un tempo up swing, sur les chapeaux de roue. Le saxophone s’enflamme, les tornades sonores ne laissent personne indifférent. Antonio Farao une fois de plus avec sa main gauche cause des déflagrations impressionnantes.
Au morceau suivant, le contrebassiste s’exprime en solo avec élégance, clarté et rondeur.
Le saxophoniste présente le thème suivant qu’il a écrit en hommage au grand musicien Français Bernard Maury, qui fut le seul élève Français de Bill Evans. “Mister Maury” est une mélodie en trois temps, sur laquelle le piano fera danser les notes.
Là encore, Thomas Bramerie part en solo, nous raconte une histoire aux notes bien déliées et rondes. La sobriété du saxophone me plaît beaucoup.
Ensuite c’est une composition d’André Ceccarelli “Passers Of Time” qui sera interprétée.
On est presque en plein Free, avec ce thème aux nombreuses explorations rythmiques.
Sur un drive toujours solide, le saxophoniste déroule des phrases qui interpellent tant la technique est élevée. Pendant ce solo, le jeu de batterie parfois accentué sur le troisième temps m’évoque Jimmy Cobb.
Les quatre musiciens jouent une autre composition dont le groove est en filigranes. Sylvain Beuf triture les notes, envoie des phrases très denses.
Avant le rappel, le groupe interprète un thème introduit par des arpèges mystérieux qui se transforment en accords groovy, auxquels se joignent la contrebasse et la batterie pour une tourne à la fois entraînante et mélodique.
Enfin en rappel, un thème calypso à partir duquel le contrebassiste prend un solo rythmique et mélodique. Sylvain Beuf prend le relais dans la sobriété qu’on connaît, avant que le pianiste ne se lance en solo sous le signe du groove.
Hier soir, c’est un groupe de haut vol qui est passé au Salon de Musique. Quatre grands solistes dont l’interaction crée un espace sonore et rythmique fondé sur l’échange, le dialogue et l’écoute. Aussi exigeant soit ce répertoire aux rythmes variés, Up Swing, Bossa, métriques en trois temps parfois, ces quatre solistes m’ont impressionné du début à la fin.
Si j’avais vu chacun de ces musiciens séparément, l’association de ces solistes au sein d’ ASTA est une symbiose à l’état pur.
Merci Messieurs pour ce concert d’exception et pour les photos.

Lire d'autres Posts Jazz