Si le Jazz et le Blues sont des musiques basées sur l’improvisation, les musiciens suivent des chemins tracés par les mélodies et les harmonies.
Aux origines du Jazz, les musiciens tissaient des improvisations en partant du thème. Lorsque le Be-Bop apparut, ils usèrent des chromatismes, jouant d’accords en accords.
Les grilles sont des repères que les improvisateurs suivent, comme des balises. Dans le Free Jazz, les artistes se sont en partie affranchis des structures et des harmonies.
Le trio que j’ai vu hier soir au Théâtre de l’Oeuvre se situerait dans cette dernière conception, une musique qui éclôt au fil du jeu, au gré des émotions et de ce que ressent chaque musicien. Le projet du guitariste Louis Winsberg intitulé « Temps Réel » est non seulement atypique dans sa composition, puisqu’il est entouré de deux percussionnistes, Jean Luc Di Fraya et Patrice Heral, mais également par cette volonté de repousser les structures établies, tout en conservant un sens de la mélodie, des motifs et des suites harmonieuses.
Des motifs orientaux s’échappent de la guitare, les percussions ponctuent de quelques interventions toutes en retenue. Les arpèges et les montées en volume reflètent une profondeur, un espace. On imagine des voyageurs progressant dans un désert.
Les percussions mettent en place un rythme qui, s’ il est solennel, puise aussi dans un groove énergique. Elles nous emmènent au carrefour des musiques orientales.
Avec le rythme des deux percussionnistes, on entend bien les triolets du 6/8.
Patrice Heral lance avec sa voix des motifs très Rock, le son est brûlant.
A la troisième séquence, le guitariste débute avec un vocodeur et le groove s’installe progressivement par la tourne de Jean Luc Difraya. Les explorations vocales nous prennent aux tripes.
La percussion est une lame de fond à laquelle s’ajoutent des tourbillons guitaristiques.
Les timbres vocaux des deux percussionnistes s’imbriquent à merveille. Patrice Heral cherche la dynamique rythmique tandis que Jean-Luc Di Fraya est plus lyrique par ses notes aiguës et pures.
Le trio « Temps Réel » m’a impressionné par l’interaction voire la communion entre ses musiciens. S’ils s’éloignent des contraintes dues à la structure, les mises en place rythmiques sont parfaites. Les sonorités de la guitare mêlées aux percussions et aux effets sonores ont donné lieu à des paysages musicaux séduisants et propices à l’évasion.
