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NOUVEAUTÉ ALBUM/ GERALD CLAYTON

GERALD CLAYTON/ HAPPENING: LIVE AT THE VILLAGE VANGUARD

Le pianiste Gérald Clayton que j’ai découvert en sideman de Roy Hargrove en 2007, a accompagné récemment le grand Charles Lloyd pour son dernier disque « 8 Kindred Souls ». L’album du saxophoniste spirituel et poétique mettait en évidence la qualité des sidemen dont celle du pianiste. En leader, son jeu est d’une grande liberté. Il déroule des phrases spontanées, sans plans, ni redondances. L’album s’ouvre sur un thème tendre et nostalgique interprété par le sax ténor et alto, qui sont en totale harmonie. Certains passages laissent apparaître l’espoir. La contrebasse donne l’impression d’improviser ses lignes, la batterie a un jeu très varié, ne joue jamais deux fois la même chose. Le solo de piano est nerveux les motifs sont inattendus. L’accompagnement sur le solo de sax alto, montre toute la maîtrise de la section rythmique. Le piano joue des arpèges étranges sur la fin du morceau. « A light » sonne un peu comme un tango, les deux saxophones exposent un thème construit autour de chromatismes. Le sax ténor de Walter Smith III est ravageur, l’état de transe est proche. Le sax alto est également punchy. Cette idée d’improvisations croisées des deux amène une énergie incroyable. Après deux compositions originales, place aux standards. En trio, le pianiste reprend Bud Powell et son morceau « Celia ». Sa sonorité ses phrases en introduction me font penser à Kenny Barron. A 2’37, le thème commence. Tel un pianiste Be-Bop, Gerald Clayton s’envole dans ses improvisations. Le batteur et le contrebassiste se livrent à un véritable échange de solos. L’introduction au piano, magnifique sur « Rejuvenation Agenda », laisse la place à un thème joué avec douceur et souplesse, par les deux saxophones. La mélodie devient plus énergique par la suite. À 3’45, les envolées lyriques sont très émouvantes. La plus belle composition originale du disque est « Envisionings ». La mélodie traduit la flamme la lumière. Le pianiste commence seul en toute intimité avec des accords émouvants. Le sax alto a quelquefois des intonations bluesy repousse les limites de son instrument. Le solo de batterie est assez sobre. Le pianiste reprend les accords du début rappelant le climat de Stevie Wonder. Autre standard repris, le chef d’oeuvre « Body and Soul » interprété avec finesse en trio. Le toucher est tout doux, le phrasé sobre élégant. « Take the Coltrane » est pris rapidement mais la batterie et la contrebasse jouent cools à la blanche. A 4’33 on décolle pour un rythme clairement swing. sur lequel le ténor évoque Coltrane. Sur le solo d’alto la batterie et la contrebasse se libèrent. Les séquences up swing sont entrainantes. Ce qui attire l’attention dans cet album, est la liberté de jeu de la section rythmique. La batterie et la contrebasse sont très inventives, donnant le sentiment d’improviser leur parties d’accompagnement. Les séquences en trio, au cours desquelles le pianiste développe des improvisations non conventionnelles, sont les plus intéressantes.

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