Post Jazz

SUR LA ROUTE DU JAZZ/ LE HARD BOP /SONNY ROLLINS

LE HARD BOP/ LE JAZZ A LE BLUES

Charlie Parker a eu deux héritiers dans la période post bop, deux saxophonistes ténors, John Coltrane et Sonny Rollins. Si le premier est un géant le second est un colosse, d’après leurs surnoms respectifs utilisés pour le titre de leurs albums. L’un comme l’autre ont acquis le langage basé sur l’usage des arpèges et des articulations chromatiques. Sonny à la sonorité métallique et puissante, creuse dans l’harmonie pour sortir des phrases grandioses avec une technique fulgurante. À l’aise en trio, le saxophoniste a réalisé quelques enregistrements dans cette configuration, saxophone, contrebasse, batterie. Écoutons cet album « Freedom Suite » datant de 1958. Seule la composition éponyme est signée de Sonny. Ce morceau de presque 20 minutes, est un thème construit sur une phrase simple et courte, jouée au saxophone, sur laquelle rebondit la contrebasse et la batterie. L’autre partie est plus be-bop dans l’esprit. Le saxophoniste a toujours des idées novatrices, et s’envole comme un oiseau, grâce aux phrases joyeuses. La contrebasse ne cherche pas la complexité mais développe des motifs simples. A 7’52, le saxophoniste entame un second mouvement plus dynamique sur une mesure en 6/8. Sur un tempo plus cool, le trio joue en mode ballade, dans une grande décontraction. Oscar Pettiford très mélodique a un son bien rond, les balais de Max Roach interviennent avec discrétion. Le souffle du colosse captive. Le rythme ternaire revient à 15’06. À 16’07 le trio s’enflamme dans un tempo effréné jusqu’à la fin du morceau. La suite est constituée de standards. « Someday I’ll Find You » commence en valse et se poursuit par un swing au tempo medium sur une métrique en quatre temps. Sonny trouve toujours des phrases variées. Le contrebassiste montre toute son agilité. Le sax et le batteur construisent un dialogue où chacun joue un motif très court d’une mesure. « Will You Still Be Mine » fait monter la température par le tempo medium up. Les phrases fluides be-bop donnent le vertige. La ballade fine « Till There Was You » nous emporte par la douceur du dialogue entre le saxophone et la contrebasse. Le son de Sonny est plutôt du velours. Le contrebassiste déroule des phrases aux notes d’une grande justesse et d’une grande précision. L’autre prise de ce morceau lent, manifeste de la grande variété du jeu. La clôture de la session se fait sur une valse délicate à la très jolie mélodie, qui exprime l’insouciance la gaieté et la joie de vivre. Le saxophoniste joue un solo tout en retenue, et la métrique devient à quatre temps pendant l’impro de contrebasse et de batterie.

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