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NOUVEAUTÉ ALBUM/ ROY HARGROVE MULGREW MILLER/ IN HARMONY

Cet enregistrement regroupe les rencontres entre le trompettiste et le pianiste en janvier 2006 et en Novembre 2007. Une rencontre au sommet pour une Jam Session de haute volée, autour de quelques standards aux styles variés, entre Blues ballades et morceaux aux rythmes latins. Roy Hargrove a sur ce disque un son à l’ancienne un discours bien bluesy mélangé à des envolées Be-Bop. Respectueux de la tradition, lui et Mulgrew Miller rendent hommage aux grands compositeurs et solistes tels Blue Mitchell, Dizzy Gillespie et Monk. Ils reprennent également des morceaux plus classiques. L’album débute d’ailleurs par une chanson signée Cole Porter « What is This Thing Called Love ». Les phrases aérées de Roy avec ce son classique sont un régal. Mulgrew Miller ponctue ses phrases limpides et puissantes par des accords plaqués avec force. « This is Always » donne l’occasion au trompettiste de montrer qu’il interprète avec classe les morceaux doux et apaisants. Il s’illustre à nouveau sur une composition de Benny Golson « I Remember Clifford ». Avec cette trompette pure, on ressent la nostalgie. Les phrases de Mulgrew Miller sont nuancées Tantôt en légèreté tantôt appuyées, elles traduisent la tristesse. Vient ensuite la Bossa Nova et la reprise de « Triste », composé par Antonio Carlos Jobim. Après quelques trémolos de piano, le son suave de trompette sert très bien la mélodie sensuelle. Les respirations alternant avec les flots de notes nous emportent. Les deux musiciens sont également en symbiose totale en swinguant, tels des seigneurs sur « Invitation ». Le thème est exposé avec élégance. Il faut dire que ce morceau résume une grande partie des harmonies que l’on trouve dans le Jazz. Les flots de notes que dégage la trompette sur ces walkin bass de piano sont un grand moment. Le pianiste impressionne par l’assise rythmique et par sa technique flamboyante. Le thème de Dizzy « Con Alma » fait régner chaleur et convivialité. Les échappées de la trompette y sont pour beaucoup. Le son de velours de Roy Hargrove accentue le romantisme sur « Never Let Me Go ». Les notes se posent avec douceur. Sur « Just in Time », les notes de trompette rebondissent sur les voicings et basses du piano. Le rythme Mambo de « Funji Mama » signé Blue Mitchell est bien souligné par le pianiste. La fluidité des notes est lumineuse. Le trompettiste et le pianiste célèbrent Thelonious Monk en reprenant « Monk’s Dream ». Mulgrew Miller enflamme l’ambiance avec des phrases blues dont Roy Hargrove garde l’esprit pour son solo. Quelle élégance musicale sur « Ruby My Dear ». « Blues For Mr Hill » est un retour aux sources. Les deux musiciens ont le Blues dans les veines. Le turnaround de fin joué par le piano est savoureux. Enfin sur « O.W », les deux solistes impressionnent par leur assise rythmique. Ces rencontres immortalisées sur ce disque publié chez Résonance Records nous rappellent la grandeur de ces deux musiciens. En plus de la classe naturelle qu’ils dégageaient, ces deux artistes disparus brutalement résument cent ans de Jazz au fil de ce double album.

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