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INFO TRISTESSE/ PAT MARTINO (1944-2021)

Il disait souvent au cours des interviews son amour pour George Benson cet autodidacte de génie guitariste et chanteur. Le guitariste Pat Martino avait pour lui une admiration sans limites. Lui aussi était un grand Monsieur de la guitare Jazz. Il faut écouter ses longues phrases d’une limpidité hors du commun. Commençant sa carrière au milieu des années 60, il accompagne des solistes comme le saxophoniste Willis Jackson. Très influencé par Wes Montgomery, il écoute, analyse transcrit les phrases de son maître spirituel. Je me souviens du premier disque que j’ecoutai de ce magnifique musicien. Sur »El Hombre » comment ne pas être subjugué par ses envolées de longues phrases sur ce morceau en 3 temps très rapide. Plus tard vers 1972, Pat Martino sort « Footprints », un album de reprises de standards avec une composition originale « The Visit ». L’apothéose est pour moi ce duo romantique formé avec le pianiste clavieriste Gil Goldstein avec l’album « We’ll Be Together Again ». Le son et ses impro de velours sur ce standard et sur « You Don’t Know What Love Is » sont des chefs d’oeuvre. Si le guitariste est hors du commun, son parcours aussi. En 1980, à la suite d’une opération sur le cerveau pour éviter qu’un caillot entraîne un accident cérébral, il se réveille atteint d’amnésie totale. La dimension épique de sa vie prend tout son sens. Il réapprendra à jouer de la guitare en écoutant ses albums. Il revient en 1994 avec « The Maker ». Grand technicien capable de développer de longues phrases aux articulations Be-Bop, il sera reconnu surtout comme un maître de la guitare Jazz moderne. Je vous propose trois publications tout au long de cette journée.

Poursuivons notre hommage à Pat Martino disparu hier à l’age de 77 ans. Ses envolées pendant l’exposé des thèmes et ses phrases aux nombreux chromatismes, faisaient de lui un des plus grands guitaristes de Jazz de ces dernières années. Sur des tempo up swing comme sur les ballades, il créait de l’émotion et diffusait une grande énergie. Il influença des guitaristes comme John Scofield qui selon une anecdote m’ayant été rapportée, avait relevé tout un album de Pat Martino. Son album en duo avec Gil Goldstein est un des plus beaux duo piano et guitare. Ses notes de guitare suaves et rondes se fondaient à merveille avec les voicings de cristal du clavier.

Pour terminer notre hommage à Pat Martino, parlons de sa vie de guitariste après son accident post opératoire de 1980. À son réveil, il est totalement amnésique et ne sait plus jouer de son instrument. Il réapprend à jouer en écoutant ses disques et reviendra sur la scène en 1984. L’album « The Maker » de 1994 et sa composition d’ouverture « Noshufuru » témoignent qu’il est revenu au plus haut niveau. Après plus de 2 minutes d’improvisations sur une séquence de 4 mesures jouées en boucle, le guitariste se lance dans un thème à la structure peu ordinaire, au cours de laquelle l’esprit Blues est présent. Il incorpore dans son jeu en solo, les plans Blues en pentatoniques et les phrases Be-Bop caractéristiques de son jeu. Le guitariste avait l’art de lancer des phrases ciselées, très rapides avec une précision rythmique hors du commun. Le monde de la guitare perd un innovateur qui fut toujours en quête de phrases nouvelles et très sophistiquées. Ses improvisations sont un modèle pour tous les guitaristes de Jazz.

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