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ACTU CONCERT/ MOUTIN FACTORY QUINTET

Schiltigheim/ 15 décembre

Les Frères Moutin donneront un concert le 15 décembre prochain, en Alsace dans la ville de Schiltigheim. Le contrebassiste et le batteur proposent une musique complexe et ingénieuse, aux harmonies modernes et aux mélodies inattendues. Leur formation « Moutin Factory » a publié un disque en 2019, suite à leur séjour dans les villes Américaines, berceaux du Jazz et du Blues comme Chicago, Saint Louis, la Nouvelle Orleans. L’ouverture de l’album « Mythical River » par le morceau « Forward », envoie une énergie grandiose avec une mélodie aux valeurs longues, un groove subtil mais bien présent, comme en témoigne la fluidité du pianiste Paul Lay. Les accents orientaux sur « No human is illegal » du saxophoniste Christophe Monniot, se mêlent à un climat blues rock crée par les vrombissement de la guitare de Manu Codjia, et les lignes puissantes de contrebasse. « Fight and Angers » est très Coltranien avec une grande puissance sonore des instrumentistes. Les accords de piano rappellent McCoy Tyner, le saxophoniste sème un ouragan sonore, aux limites du Free. Le piano et la guitare créent de la profondeur, de l’espace des les premiers instants de « Tears and Despair ». Le saxophone ajoute du lyrisme en déroulant la mélodie imprégnée de tristesse. Le titre de ce morceau est vraiment bien choisi, le saxophoniste fait pleurer son instrument. « Summer Twilight » est un thème avec beaucoup de fraîcheur. Le morceau apporte de l’optimisme. Le solo de piano prend le chemin du Blues les phrases groovent. La guitare de Manu Codjia est incandescente, le son overdrive fait de ce solo un moment de blues. A la fin, sax et guitare échangent les notes bouillonnantes. « Echoing » mêle mélancolie et une certaine noirceur. Le piano est romantique. La guitare s’envole avec des phrases fluides dans un style proche de Pat Metheny. Le sax soprano rejoint la guitare. La contrebasse le sax et la guitare expriment la fragilité durant les dernières secondes. « Wayne’s Medley » commence par le grandiose « Fall » que le saxophoniste jouait avec le quintet de Miles. « Pinocchio » est joué avec la tourne groove de batterie, et le solo de contrebasse est audacieux. La batterie fait une entrée fracassante sur le morceau « Trauma ». La tourne du piano et de la contrebasse sur des accords de quinte lancent ce thème bouillant de dynamisme. Après cet ouragan, l’alto livre un solo enflammé. « Blessed and Cursed » est introduit par les nappes de guitare à la Bill Frisell, suivies de phrases de contrebasse magnifiques. Le thème joué au soprano, est sensuel et plein de douceur. J’ai l’impression d’écouter le groupe Steps mais aussi « Weather Reporter » par moments. Cette contrebasse m’impressionne avec ces phrases qui sonnent un peu comme Pastorius. Le piano de Paul Lay émerveille surgit ainsi que la guitare aérienne. La musique de ce quintet est sous influence pour notre plus grand bonheur. « In love » est un très joli morceau qui puise dans le Folk. C’est le bonheur qui est célébré avec cette mélodie tendre et savoureuse. Sur « Take it easy », après des accords plaqués avec calme, le groove est d’enfer. La cocotte de guitare stimule le groupe. Avec un gros son, la contrebasse développe un solo de grande énergie. Le piano joue d’abord binaire, puis la séquence suivante est un swing en trois temps, jusqu’à ce que la guitare surgisse et revienne à un rythme binaire avec des intonations illustrant l’influence de John Scofield. Le sax alto joue sur une mesure en trois temps, atteint des notes incroyables. Entre les Moutin que j’ai vus sur scène en 2009, et ce projet qu’ils portent, le contraste est grand. La musique que j’ai écoutée à Marciac était difficilement accessible. Les morceaux de ce disque sont mélodieux pour la plupart, les improvisations nous renversent. Si vous avez l’occasion d’aller voir cette formation restez bien accroches à votre chaise, ça risque de déménager.

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